Le verglas qui a affecté, jeudi matin 3 février 2011 la région stéphanoise, a eu un prédécesseur célèbre le 23 novembre 1993. Seule petite différence il a eu lieu le matin alors que celui de 1993 s’est produit en fin d’après-midi. La situation atmosphérique et les conditions de formation en tous points semblables m’ont conduit à ressortir la chronique N°2 faite sur Radio Espérance.
A l’époque la même situation glissante avait provoqué aussi une grande panique dans la région parisienne les premiers jours de décembre !
Chronique N°2 du 12/12/1993 : Le verglas
Le verglas atmosphérique a affecté la France à deux reprises, une première fois un mardi soir de fin novembre (23/11) où un nombre impressionnant de carambolages a concerné l’autoroute de Saint-Etienne à Lyon et la semaine dernière où deux jours consécutifs (1 et 2 /12), il a répandu son spectacle de glissades sur la France du nord et la région parisienne, bloquant les aéroports, multipliant les urgences hospitalières et les fractures.
Ce phénomène de verglas atmosphérique est assez rare. il correspond à une pluie qui congèle en arrivant au sol et se produit dans les situations de redoux.
Les jours qui précèdent, un anticyclone froid recouvre la France avec des températures négatives surtout la nuit. Dans les deux cas, une perturbation atlantique, amenant un air plus doux pénètre sur le pays en apportant des précipitations. Cet air tiède plus léger repousse difficilement l’air froid antérieur plus dense qui a tendance à se tapir au sol dans les basses couches. L’air chaud passe par-dessus l’air froid. Quand la précipitation tombe, elle est liquide dans l’air doux en altitude, elle continue sa descente sous forme liquide dans les basses couches froides et ce n’est qu’en atteignant le sol qu’elle se congèle et forme une fine pellicule glissante.
Il peut y avoir des précipitations liquides par températures négatives comme à l’inverse la neige peut survenir par températures positives. La congélation ne s’effectue que lorsque la gouttelette trouve un corps étranger déjà solide, ici le sol. Il va servir de noyau de congélation sur lequel vont venir se geler toutes les précipitations qui tombent.
Le verglas atmosphérique est toutefois un fait rarissime qui demande des conditions très précises de réalisation. La situation de redoux hivernal ne suffit pas, car 3 cas peuvent se produire.
1) le redoux est massif et important. L’air chaud balaye l’air froid. On a de la pluie et le sol dégèle très vite sans que puisse se former de couche glissante
2) Le redoux est insuffisant pour chasser rapidement l’air froid des basses couches atmosphériques. La neige tombe et les températures restent négatives
3) La situation intermédiaire donne le verglas. Le redoux doit être suffisant pour que la précipitation tombe sous forme de pluie, mais insuffisant pour chasser le froid des basses couches. La période de verglas n’est qu’une situation transitoire de quelques heures avant l’arrivée finale des températures positives. La précipitation liquide ne doit pas être trop forte car une pluie trop intense empêcherait la congélation au sol avec le ruissellement. Le crachin fournit la condition idéale de formation.
Le mot verglas désigne le phénomène que nous venons de décrire, mais dans le langage courant sa signification s’est étendue à beaucoup d’autres formes de surfaces glissantes liées au gel et à la neige. Le panneau « risque de verglas » de nos routes désigne seulement un secteur un peu plus dangereux en hiver en raison de sa mauvaise exposition
Le véritable, le seul verglas météorologique est celui qui a touché la France récemment. Ce type de surface glissante est le plus difficile à prévoir, à identifier car la couleur du sol est peu modifiée par cette pellicule et surtout à traiter car cette fine couche glacée couvre uniformément la surface. C’est le principe de la patinoire appliqué à une région entière.
Ceci permet de comprendre l’importance et la nature des perturbations et dégâts causés, ainsi que l’extrême difficulté pour y remédier
Nous espérons que le député, qui a cru se singulariser en demandant une enquête sur ceux qui n’auraient pas fait leur travail n’est pas représentatif des connaissances de la représentation nationale en matière de climatologie…. (Déjà en 1993, les calamités atmosphériques parisiennes provoquaient des polémiques, ce dernier hiver ce fût pour la neige !)
Gérard Staron