De la neige sur Milan San Rémo, ce n’est pas la première fois, elle est toujours au même endroit sur le col du Turchino qui permet le passage de l’Apennin ligure entre la plaine du Pô où se déroule la première partie de la course depuis Milan et le littoral méditerranéen où se situe la seconde partie de Gènes jusqu’à l’arrivée.
Pendant cette édition 2013 la course a été arrêtée à Ovada juste avant la traversée de l’Apennin ligure et a été reprise à Cogoleto juste après Gènes ! Toute la partie du Turchino a été enlevée !
Dans notre livre avec Jean Paul Bourgier , « Conditions climatiques et compétitions cyclistes » nous présentons toutes les éditions qui ont été perturbées par de la neige au Turchino , mais à cette époque , on n’arrêtait pas la course . Il s’agit de la trilogie 1908, 1909, 1910 et ensuite 1926, 1928 et 1939, soit 6 éditions
Parmi ces dernières la plus dantesque est celle de 1910 : « le 3 avril, derrière Eugène Christophe, seuls trois courageux rallient l’arrivée après une épreuve dantesque perturbée par une épaisse chute de neige lourde méditerranéenne »
La situation météorologique du 3 avril 1910 ressemble à celle de ce dernier dimanche, voir ci-dessous l'image de satellite du 17 mars 2013 transmise par Claude que nous remercions «sur le flan oriental d’une barrière anticyclonique méridienne qui s’étire de l’Islande aux Açores descend une langue d’air polaire jusqu’à l’Afrique du Nord. L’air froid se charge en humidité dans un immense tourbillon sur la Méditerranée occidentale , car des hautes pressions sur l’Europe orientale rabattent les précipitations en direction de la Ligurie» (1) et aussi ce dimanche sur les Cévennes et les Alpes du sud.
Cette journée dantesque avait laissé des traces sur le vainqueur « Le Français s’impose avec plus d’une heure d’avance, mais l’ambulance l’attend pour le transporter à l’Hôpital » (1) et Christophe ajoute « J’y suis resté plus d’un mois avant de recouvrer les plein usage de mes bras et de mes jambes …. Vingt-quatre mois à récupérer d’une seule journée »
L’édition 2013 si elle restera dans les mémoires avec la victoire de Ciolek, n’a quand même pas atteint ces extrémités mais, nul ne peut dire que cette journée hivernale n’avait jamais été connue !
Gérard Staron
(1) extraits de J.P. Bourgier et G. Staron "Conditions climatiques et compétitions cyclistes" 2007 L'harmattan page 164