Chronique N° 988
Les déluges de Juillet que nous évoquions la semaine dernière se sont poursuivies dans les premiers jours d’août
Jusqu’à lundi 4 août, j’ai recueilli 39.1 mm à Saint Etienne qui s’ajoutent aux 146.4 mm de juillet pour cumuler 185.5 mm depuis le début des vacances d’été. A Montregard il faut ajouter 37 mm pour donner un total de 276.7 mm depuis le début juillet .
Si à Andrézieux il est tombé après les orages de vendredi soir 32.6 mm avec les 227,1 mm de juillet , ceci représente 259.7 mm depuis le début des vacances d’été et le 4 ème cumul pour le bimestre de juillet et Août après les 319.8 mm de 1963, les 307 mm de 1977, les 262.4 mm de 1947 et devant les 248.8 mm de 2007. Il convient de préciser que pour ces quatre dernières périodes estivales sont connues pour avoir été particulièrement pourries. Il s’agit des bimestres entiers alors qu’il reste au moment où j’écris ces lignes 22 jours à 2014 pour rejoindre ou dépasser ces valeurs !
Cette situation a provoqué quelques inondations torrentielles dans les Alpes, dans le sud-ouest mais aussi dans notre région.
Les monts de Tarare ont été affectés pour la seconde fois de l’été par un violent orage de grêle. La commune de Violay avait déjà été concernée le 28 juin par le paroxysme d’un orage qui avait traversé en diagonale le département de la Loire du plateau de saint-Bonnet-le-Château au Beaujolais. Il semble cette fois la zone que la plus touchée soit un peu plus vers le nord en direction du col du Pin Bouchain en touchant encore Violay.
Des inondations localisées ont eu lieu en milieu urbain à Saint Etienne en fin de journée.
Le secteur de Bergson dans lequel la Grand rue s’est transformé en rivière est un site à risque qui a déjà été affecté à plusieurs reprises ces dernières années.
La principale inondation date du 2 juillet 2009, mais l’année suivante une alerte de moindre importance avait eu lieu le dimanche 6 juin 2010. Curieusement ceci attire deux remarques.
Sous réserves d’informations complémentaires, Il semble que ce soit le seul site inondable de la ville qui a été touché ce dernier dimanche alors que dans les cas précédents l’inondation de la rue Bergson s’inscrivait dans un cadre plus large. En 2009 l’inondation de plus grande importance avait affecté de nombreux sites de la ville. Sans l’étude faite sur le bulletin de septembre 2009 de l’AMRL, j’avais répertorié 10 secteurs affectés Sites inondés: orages du 2 Juillet 2009 à Saint Etienne (42) . L’événement de 2010, moins marquant, avait touché en plus les secteurs régulièrement inondés de la rue Vacher, de la rue de la Talaudière et de la rue Pierre de Coubertin dans le bas de Montreynaud et avait été relaté dans mon blog par des articles en date des 6 et 7 juin et 8 juillet 2010 Orages urbains et inondations à Givors et Saint Etienne (6-13/6/2010) .
Le site inondé de la rue Bergson a été constaté seulement depuis 2009. Il était très peu impliqué dans la plus importante inondation de la ville du 23 août 1994. Dans mon étude de 2010 « les crues du Furet et du haut bassin du Furan , leur rôle dans les inondations de la ville de Saint Etienne », comme dans celle de 2005 pour le ministère de l’écologie et du développement durable, répertoriant l’ensemble des secteurs inondés de la ville depuis 1976, le secteur de Bergson n’est quasiment jamais mentionné avant la date du 2 juillet 2009. Il s’agit donc d’une sensibilité nouvelle du secteur ce qui n’est pas le cas des autres sites à risque de l’agglomération que l’on retrouve régulièrement cités pour de très nombreux événements comme ceux de la rue de la Talaudière, de la rue vacher , du bas de Montreynaud , de Jacquard, du bas du Cours Fauriel et bien d’autres.
Il est curieux de constater que cette nouvelle sensibilité fait suite à des transformations d’urbanisme, ces dernières décennies, dans le secteur qui ont commencé avec la couverture du Furan qui coule à quelques mètre à l’est de la grand rue, par le renouvellement des constructions et la mise en site propre du tramway. Le secteur inondé se situe en aval immédiat de l’ilot totalement restructuré de l’ancienne manufacture d’Armes.
La topographie des lieux permet de comprendre le mécanisme d’inondation, typiquement urbaine. L’influence des cours d’eaux traditionnels est très limitée car ils sont souterrains. Le Furan est parallèle un peu à l’est dans sa couverture. les ruisseaux des villes et des mines arrivent par l’ouest dans des collecteurs et confluent avec lui ! Le problème en milieu urbain quand s’écoule une grosse précipitation dans un point bas, c’est la difficulté pour l’eau de surface de rejoindre la rivière qui circule en souterrain. Il suffit de peu de chose pour perturber ce passage de l’eau du sol au sous-sol, soit l’eau qui ruisselle présente un débit trop important pour les bouches d’évacuation parfois bouchées qui permettent l’écoulement en souterrain, soit la pression qui existe dans ces cours d’eau souterrains est telle que l’eau a besoin de sortir , parfois en geyser dans les points les plus bas.
Dans le cas de dimanche, les précipitations n’ont pourtant rien d’exceptionnelles, à mon pluviomètre je ne dispose pas des précipitations horaires, mais selon d’autres mesures l’orage aurait déposé de l’ordre de 20 mm en 1 heure . il s’agit d’une quantité bien faible par rapport à ses devanciers qui ont provoqué de telles inondations ! Le total le plus bas pour un orage impliqué dans une inondation urbaine à Saint Etienne serait celui du 23 septembre 2007 qui avait déposé 27.6 mm et avait inondé le site de la rue de la Talaudière. C’est très loin des 72 mm en 2 heures du 2 juillet 2009 et des 67,2 mm en 30 minutes du 23 août 1994.
Quand l’eau passe mal de la surface aux canalisations souterraines, les rues se transforment en rivière !
La rue Bergson le fait d’autant plus à cet endroit car elle concentre les eaux en provenance de trois directions, celle de l’amont de la grande artère stéphanoise, celle descendant du crêt de Montaud par les voies de la rue Borie au boulevard Knoblauck, il s’ajoute celles crées dans le cadre de la rénovation de la Manufacture d’armes . Le tout converge dans le point bas que constitue la rue Bergson avec une rupture de pente en aval . Il existe toujours une convergence de voieries pour drainer les eaux dans une dépression dans le cadre des inondations urbaines
En plus une difficulté existe à cette masse d’eau pour rejoindre la rivière du Furan ! cette dernière peut se constater au niveau de la rue Barroin . A partir de la Grand-Rue , il faut légèrement monter de quelques mètres pour passer sur la couverture de la rivière. Il y a à cet endroit un problème de pente qui empêche aux eaux qui se sont concentrées dans la rue Bergson de rejoindre le Furan. Le flux ne peut que poursuivre son chemin en descendant la Grand rue !
Le Furan a bien connu une crue ce jour-là. A Andrézieux, la rivière est montée de la cote 0.45 m à 19h 30 à celle de 1.74 m à 20 heures et au maximum de 1.81 m à 20h 30. Là encore l’influence du milieu urbain est visible avec la très grande rapidité de la montée des eaux : 1.29 m en une demi-heure. Le Furan est coutumier de ces excès. L’écoulement instantané des eaux sur un milieu imperméabilisé est aggravé à Saint Etienne par une pente assez forte liée au relief, cependant cette crue ne restera pas dans les mémoires. Nous sommes très loin des 4.05 m de Novembre 2008, ou des 3.35 m du 13 novembre 1996 et de bien d’autres qui s’intercalent !
La ville génère des inondations propres à son milieu et la moindre modification de la topographie urbaine est aussi cause de leur aggravation dans les zones basses!
Gérard Staron donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance , bonne semaine…