Chronique N°978
Tous les fidèles auditeurs de cette radio connaissent le lien que j’effectue entre le temps météorologique du jour de l’élection et le résultat. J’ai même consacré un chapitre entier de mon livre de 2003 « le ciel tomberait-il sur nos têtes » publié aux éditions ALEAS sur le sujet dans le chapitre N°1 « climat électoral » et l’analyse suivante basée sur les élections générales depuis 1964 « les conclusions sont claires et répétitives. En France, en Allemagne, et dans d’autres pays de l’Union Européenne, le temps du jour de l’élection a une influence directe sur le résultat de ces dernières. Les temps perturbés, en particulier ceux de sud en France, correspondent à des victoires de la gauche ou de partis sociaux-démocrates ou socialistes. Les temps anticycloniques favorisent les partis de droite ou chrétiens démocrates »
Depuis une confirmation de ces thèses a été observée à toutes les élections générales françaises lors des présidentielles et législatives de 2007 et 2012 ou d’autre pays européens comme l’Allemagne, en particulier lors des dernières législatives de 2013 qui ont vu la nette victoire de la droite chrétienne démocrate CDU CSU de madame Merkel sous un temps anticyclonique.
En mars de cette année, la très grande différence de temps entre le premier tour des récentes municipales sous un temps perturbé de nord avec giboulées le 23 mars et celui du deuxième tour une semaine après, le 30 mars, avec le retour d’anticyclones sur la France s’était accompagné d’une amplification notoire de la victoire de la droite (UMP UDI et divers) et le basculement de plus de 155 mairies de villes françaises. J’avais même alors conclu dans la chronique N°971 que la situation météorologique pouvait provoquer un impact de l’ordre de 5% de l’électorat ;
La question à poser : qu’en est-il lors des dernières élections européennes du 25 mai dernier ?
Le problème est compliqué par l’échelle européenne du scrutin. Dans le passé nous avons constaté que notre remarque était valable pour certains pays en particulier, la France, l’Allemagne , les Pays bas, dans une moindre mesure l’Espagne et la Grèce , alors qu’elle est bien moins évidente pour d’autre comme l’Italie
La situation est aussi complexifiée par de nombreux partis eurosceptiques dont il est difficile d’interpréter météorologiquement les scores surtout quand ils sont très importants comme en France. Il est bien évident que la météorologie agit aux marges d’une élection, sur qui se déplace ou non pour voter , mais que les mouvements de fond, les raz de marée électoraux ne peuvent que masquer son influence surtout sensible quand l’écart de voix entre deux blocs politiques opposés est faible !
Dans ces conditions quelles remarques effectuer après le scrutin européen du 25 mai dernier pour le plus grand nombre d’états ou des journées du 22 au 24 mai pour les pays qui votent en semaine, Royaume Uni, Pays-bas, puis Irlande, République tchèque, Chypre, Malte ?
Première remarque la situation météorologique est confuse le 25 mai. Les puissants anticyclones sont loin, celui des Açores s’est réfugié sur l’Atlantique. Il ne faut donc pas s’étonner que le score des partis institutionnels de droite affiliés au PPE ait été médiocre à l’échelle de l’Europe. Nous sommes aussi rarement dans une situation vraiment perturbée. Par exemple en France , on se trouve dans une situation dite de marais barométrique peu nette avec des pressions à peine supérieures à 1015hpa qui permettent le plus souvent une journée globalement agréable mais ne peuvent empêcher le développement dans l’après-midi et en soirée de cumulus de plus en plus épais qui provoquent des averses remontant du sud-ouest . Ne pas s’étonner que les scores des partis socialistes ou de gauche comme ceux de droite traditionnelle aient été tout aussi médiocre avec une situation peu claire.
Certaines remarques intéressantes peuvent être faites :
La situation du 25 mai 2014 à 12 heures UTC montre sur l’Allemagne la présence d’une cellule de hautes pressions supérieures à 1020 hpa. Ceci s’accompagne d’un ciel clair ensoleillé sans précipitations. La corrélation avec l’excellent résultat de la coalition chrétienne démocrate de Mme Merkel parait évidente et tout à fait conforme à nos conclusions antérieures.
En Méditerranée, la même carte montre que les pays méditerranéens présentent une situation dépressionnaire au sol sur la Péninsule ibérique , sur l’Italie et dans une moindre mesure sur la Grèce. Dans ces pays les partis de gauche ou sociaux-démocrates réalisent de bons scores. C’est le cas au Portugal où le parti socialiste arrive nettement en tête, en Italie avec le parti démocrate . Les cas de l’Espagne où le PSOE est très proche du parti populaire, et de la Grèce où il s’agit de partis extrèmes sonu plus complexes. Ceci confirme mes conclusions antérieures, même en Italie, un pays d’habitude récalcitrant à mes observations. Cette fois le parti démocrate arrive largement en tête avec des pressions atmosphériques très basses sur toute la moitié méridionale du pays.
Le cas de la France est curieux. Avec un marais barométrique, situation ni anticyclonique ni depressionnaire surmonté d’une goutte froide en altitude sur l’ouest du pays avec des masses pluvieuses remontant du sud-ouest , c’était une situation qui aurait été en élection normale plutôt favorable à la gauche. C’est visible en Corrèze et haute Vienne ! L’interprétation est difficile d’un point de vue météorologique d’autant plus que les cas de raz de marée comme ceux de dimanche, doivent peu aux caprices du temps.
Les pays qui votent en avance, les Pays bas et le Royaume uni le 22 mai, sont concernés par une dépression qui s’étire de la manche à la Mer du nord avec une perturbation qui remonte du sud-ouest dont les fronts affectent ces pays. Dans les deux cas les partis Chrétiens démocrates ou conservateurs au pouvoir sont dépassés avec des scores défavorables.
Le 25 mai le nord-est de l’union Européenne est plutôt sous des hautes pressions. L’image de satellite de la mi-journée montre un ciel globalement dégagé. C’est ainsi que des pays comme la Pologne , la Slovaquie, la Hongrie , une partie des Pays baltes ont envoyé au parlement européenne un nombre majoritaire de députés du parti populaire Européen qui correspond à la droite
Enfin une dépression s’étire de la Péninsule scandinave à la mer Baltique et le parti social-démocrate arrive nettement en tête en Suède.
On peut donc constater une fois de plus que les résultats globaux du scrutin des élections européennes de cette année confirment globalement nos analyses antérieures. Chaque fois que le jour de l’élection des hautes pressions recouvrent des pays comme l’Allemagne ou ses voisins de l’est de l’Europe, les partis de droite, chrétiens démocrates affiliés le plus souvent au PPE dans le parlement européen obtiennent de bons résultats. Chaque fois que les pressions atmosphériques sont basses comme pour les pays qui votent le 22 mai ou ceux du bassin méditerranéen ou la Suède le 25 mai, les partis socialistes ou sociaux-démocrates présentent de bons résultats. C’est même le cas de l’Italie qui jusqu’à présent était récalcitrant jusqu’à présent à nos analyses. Dans le passé lors de ses élections législatives, il y avait souvent des situations météorologiques anticycloniques quel que soit le résultat. Cette fois l’Italie a voté en liaison avec sa situation météorologique. Après toutes ces confirmations qui osera dire que la météorologie n’a pas d’effet sur les élections !
Gérard Staron donne rendez-vous samedi prochain sur Radio Espérance .. Bonne semaine !