Chronique N°960
Parmi les événements météorologiques importants qui ont affecté le monde, un n’avait pas été traité sur cette antenne, la vague de froid et de neige qui a affecté le continent américain entre le 3 et le 6 Janvier.
La vague de froid qui descend de l’Arctique en suivant le couloir des Grandes Plaines va quasiment atteindre le golfe de Mexique puisque des gelées seront signalées à proximité des Côtes, dans le nord de la Floride et même au Mexique. Il a été observé -7.2° à Monroe en Louisiane et -8.9° à Waco dans le Texas
Cette descente classique utilisant les axes du relief pour atteindre des latitudes quasiment tropicales s’accompagne toujours de trois mécanismes sur le continent nord-américain.
Quand l’air froid progresse vers le sud, il repousse l’air chaud antérieur et ceci provoque de très fortes précipitations, pluvieuse et surtout neigeuses. Cet affrontement est surtout marqué sur le flanc oriental où la langue froide repousse l’air doux qui remonte le long de l’Atlantique. Pour cette raison les chutes sont surtout importantes du sud des grands lacs à la Mégalopolis. C’est ainsi qu’il a été mesuré 45 cm à Boston et plus de 60 cm sur les secteurs les plus enneigé du Massachussetts.
Après la phase de neige vient le froid. Les chutes ne continuent que le long des grands lacs Ontario ou Erié où l’on a mesuré plus de 1 mètre de neige fraîche à Buffalo en raison de phénomènes régionaux sur les eaux des lacs. Le froid descend surtout dans l’axe des grandes plaines, c’est-à-dire plus à l’ouest dans les régions continentales qui ont eu moins de neige. Les Grandes Plaines ont eu les températures les plus basses. Par exemple quand le minimum du 6, jour le plus froid, atteint -26.7° à Chicago , on ne mesure que -15.6° à New-York .
Ces vagues de froid sont souvent accompagnés d’un vent violent de Nord le Blizzard. Cette fois la seule mesure obtenue a été une rafale de 96 km/h à Buffalo.
Ces descentes froides fortement neigeuses et pluvieuses sont connues aux Etats Unis
La première question qui se pose, cette vague froide et neigeuse est-elle plus importante que les précédentes ?
Si l’on prend en compte les températures les plus basses observées, Les records des 6 et des 7 janvier ont été battus à de nombreuses stations. Pour prendre des villes connues, Chicago avec -26.7° bat les -25.6° observés à ces dates là en 1884. A New-York, les -15.6° battent les -14.4° de 1896. Ceci signifie que pour ces journées des 6 et des 7 janvier, il n’a jamais été observé de minimum plus bas et de nombreuses villes sont dans ce cas outre les deux que nous venons de citer : Charlotte , Atlanta, Baltimore aux Etats unis et Hamilton ou Windsor au Canada
Ceci ne veut pas dire que sur le mois de janvier ou l’ensemble de l’hiver , il n’y a a pas eu d’autres périodes ou le thermomètre est descendu plus bas. C’est ainsi qu’au début des hivers 1994, 1989 et 1983 des vagues froides avaient été plus importantes, sans oublier 1976-1977. Par ailleurs aucun record mensuel n’a été battu, or ceux-ci ont bien plus de validité que ceux pour de simples journées. Ceci signifie que si de nombreux minimums ont été battus pour le 6 et le 7 janvier, aucun record pour une température minimale la plus basse de janvier n’a été battu.
Beaucoup de températures très basses ont été annoncées comme le froid dit ressenti. Par exemple pour Chicago pour une température sous abri de -26.7°, il a été annoncé un froid ressenti de -51.1. Ceci correspond à l’indice de refroidissement éolien ou Windchill. Comme une température très basse est plus difficile à supporter par un vent fort que dans un air calme et avec une humidité différente. Une tentative d’indice a été mis en place tentant de prendre en compte ces paramètres. C’est ainsi qu’un température réelle de -26.7° associé à une vitesse des vents d’environ à 60 à 80 km/h peut donner un ressenti de -51.1 qui n’est en aucun cas une température en degré, mais tente d’approcher les dégâts causés par le gel à l’homme .
Cette vague de froid correspond à une durée assez limitée. Dès le 7 les maximums de températures redevenaient positifs à New-York. Les basses températures ont duré plus longtemps à Chicago mais aucune comparaison possible avec les 43 jours de gelées continues à Chicago pendant l’hiver 1976-1977.
Pour la violence du Blizzard, comme pour les épaisseurs de neige, il ne faut pas remonter très loin pour trouver des événements plus rudes. L’an dernier au début de février 2013, la tempête « Némo », c’était son nom, avait frappé comme un « capitaine ». Le blizzard avait soufflé très fort avec 134 km/h à Cuttyhunk dans la Massachussetts, 130 km/h à Portland et 122 km/h à Boston pour des villes plus connues. La couche de neige déposée comme un arc de cercle de l’état de New York jusqu’aux Provinces maritimes du Canada soit une localisation assez proche à celle de cette année a atteint des épaisseurs bien plus importantes que celle de ces derniers jours sur la Nouvelle Angleterre avec 1.02 m à Hamden 81 cm à Portland et 55cm à Boston contre seulement 45 cm cette fois. Cette neige de 2013 n’avait même pas battu Les records de Boston, 70 cm de neige fraîche en février 2003 et 1.28m d’enneigement maximum au sol en 1921. Il y a eu pire que janvier 2014 !
Cette vague de froid aux Etats Unis a peut être marqué les esprits à cause de l’opposition avec la douceur très marquée qui régnait en France et plus généralement.
Son explication est simple. Aux latitudes tempérées la circulation atmosphérique dominante s’effectue d’ouest en est. Aux Etats Unis, les influences adoucissantes en provenance de l’Océan pacifique sont bloquées par les Chaines Cotières et les Rocheuses. Au contraire vous avez au centre du continent américain un couloir de plaines qui relie en direct les Pôles et les tropiques. En hiver, l’air froid accumulé aux hautes latitudes ne demande qu’à descendre et à occuper un espace qui se refroidit très vite avec un bilan thermique très défavorable en cette saison. Certains nomment cela un vortex polaire, simple problème de vocabulaire pour un phénomène connu depuis longtemps.
Chez nous la situation est très différente, les influences océaniques de la circulation générale atmosphérique d’ouest peuvent pénétrer facilement. L’orientation générale des reliefs ouest –est des Pyrénées aux Alpes canalise même ces flux. C’est pour cette raison que nos côtes de l’ouest de l’Europe connaissent une anomalie positive qui permet à la douceur de pénétrer loin à l’intérieur des terres en hiver.
Y-a-t-il toujours un temps doux au moment des grosses vagues de froid sur les Etats Unis ? Parfois, c’est ce que certains spécialistes nomment l’oscillation nord Atlantique. Le froid descendant sur les Etats Unis, active un contraste avec l’Océan ce qui creuse les dépressions et les perturbations traversent la masse maritime et arrivent sur nos côtes plus virulentes comme sur la Bretagne au début janvier. Une similitude est toutefois difficile à établir entre les fortes pluies, houles et tempêtes sur la Bretagne et le froid américain aux même dates.
Mais l’inverse existe, il y a souvent des vagues de froid et de neige conjointe que nous signalions à la fin novembre 2013 sur la France et aux Etats Unis (chronique 954).
Au début de cet hiver, l’évolution des températures est similaire. Froides et neigeuses de façon commune sur le vieux et le nouveau continent jusqu’au 15 -20 décembre, elles divergent ensuite , vers la douceur en Europe occidentale et vers le froid en Amérique du nord. curieux mais Il est impossible d’établir une règle claire des hivers chez nous et en Amérique !
Gérard Staron vous donne rendez-vous samedi sur radio espérance, bonne semaine.