Chronique N°851
Les grandes manœuvres atmosphériques ont recommencé cette semaine
Une nouvelle vague de pluies méditerranéennes intenses a frappé selon une trajectoire originale .
Elle semble commencer comme une nouvelle pluie Cévenole qui dépose le 19 et le 20, 145 mm en 48 heures au mont Aigoual, mais sa progression est stoppée sur le continent. Les fortes pluies affectent alors « les Catalognes » avec l’orage de Cerbère et de Banyuls dans la nuit de samedi à Dimanche. Elles s’attardent sur le Roussillon et les Corbières jusqu’en début de semaine avec des crues. Ensuite les fortes pluies ont continué leur route en Méditerranée sans pénétrer plus avant dans le pays, les précipitations intenses concernent le sud–est de la Corse , puis la Sardaigne avec quelques dégâts dans la région de Cagliari et sur la côte orientale et enfin la région de Messine en Sicile, mercredi. Au même moment un coup de mer affectait les côtes ligures avec des rafales de vent très violentes à Gènes avec des chutes d’arbres
Comme pour les précédents épisodes méditerranéens de la fin octobre ou du début novembre, les calamités les plus importantes concernent la partie italienne atteinte en bout de course de la perturbation. Auparavant la Ligurie avait été le terminus catastrophique des précédents épisodes avec la Spézia fin octobre et Gènes début novembre, cette fois la Sicile et la Calabre voisine sont les plus affectées avec des ponts effondrés, des accumulations de véhicules déplacés par les eaux comme à Scarcelli. Comme toujours dans cette région, les inondations prennent l’allure d’une coulée de boue, ce que les italiens appellent une « Alluvione » en raison du caractère très argileux du terrain. Le phénomène a été observé à Scarcelli, à Saponara, et avec le déraillement d’un train en Calabre. La région de Messine parait la plus affectée même si l’événement est loin d’avoir l’ampleur de celui du début octobre 2009: Catastrophe de Sicile (suite), 11 ans après celle de Sarno. . La roche très plastique devient une pâte plus ou moins liquide qui dévale des pentes et qui a perdu sa structure sous l’effet des fortes pluies en emmenant parfois des versants entiers sur des flancs de montagne. L’Apennin, ossature montagneuse de la botte italienne est à base de roches argileuses souvent des flysch surtout dans sa partie méridionale. Ces « alluvione » peuvent présenter selon les épisodes des textures très différentes, d’une inondation très chargée en boues comme à Messine en 2009 ou cette fois, à des formations plus ou moins pâteuses qui glissent comme un napage de chocolat chaud comme à Sarno
En France, cette semaine, les débordements des principales rivières ont été assez modérés, 3.8 m sur le Tech contre 5.14 m le 13 novembre 1999 et celle d’octobre 1940 était très au dessus encore. Il en est de même sur la Têt avec à peine 2.4m à Ville longue de la salanque, sur le Réart avec 3.05 m à Saleilles. Les petites rivières des Corbières ont monté, la Berre à Portel ou Durban les Corbières où le village était menacé. Le plus dangereux a été le court orage de la nuit de samedi à Dimanche sur la côte vermeille à Banyuls et Collioure avec des débordement urbain originaux: Inondations : la rue rivière à Cerbère .
La raison de la trajectoire particulière de ce dernier épisode pluvieux méditerranéen est l’énorme résistance de l’anticyclone centré sur l’Europe orientale depuis maintenant près d’un mois, derrière les Alpes. Il a repoussé toutes les perturbations. Les océaniques sont déviées vers le nord, et les méditerranéennes, meurent sur place comme celle du début de novembre autour de la dépression du golfe de gènes, ou sont déviés vers le sud comme celle de cette semaine qui descend en latitude du Roussillon, à la Sicile. Ces pluies méditerranéennes, qui d’habitude remontent vers le nord, ont suivi une route inverse repoussées par cet anticyclone si puissant et indélogeable depuis la fin d’octobre.
Cet anticyclone donne l’impression de provoquer un automne particulièrement doux. Lors de son installation en octobre il résultait de l’excroissance des hautes pressions subtropicales sur l’Europe, mais sa structure a évolué, maintenant, il est l’expression du froid qui descend sur son flanc arrière des régions arctiques à l’Europe orientale avec des températures très négatives.
La langue de gelées induites suit la courbure des isobares de la partie orientale des hautes pressions. Actuellement des températures entre -20 et -10° descendent de la mer de Barentz à la mer Noire au travers de la Russie. Vers le sud les températures négatives continuent sur l’Asie mineure et l’ensemble des pays du Caucase. L’enneigement qui n’a pas encore commencé chez nous, occupe dans l’est de l’Europe une masse continue du cercle polaire au 40ème parrallèle, jusqu’aux montagnes du Kurdistan qui dominent le moyen orient !
Vers l’ouest depuis cette semaine, le froid quotidien affecte l’ensemble du domaine alpin et hercynien de l’Europe et le bassin du Danube. Cette zone s’amincit sur l’Autriche , la Suisse , le sud de l’Allemagne . Elle vient terminer ses gelées sur l’est de la France, l’Alsace, la Lorraine, le plateau de langres ! Cette semaine, ce froid a gagné du terrain en France et depuis mercredi les gelées matinales ont débordé sur le Massif central, le bassin Parisien, les plaines de la Saône.
Cette alimentation en froid par l’arrière renforce cet anticyclone car elle apporte un air très dense dans les basses couches de l’atmosphère, toujours extrêmement difficile à déloger par celui plus volatile des perturbations.
Nous avons gardé des températures clémentes pour une raison simple de circulation générale de l’atmosphère. Sur le flanc oriental d’un anticyclone l’air descend et dans ce cas il chemine le froid de l’Arctique jusqu’aux confins du Moyen orient. Sur son flanc méridional il est véhiculé d’est en ouest et le froid s’est étendu à l’Europe Alpine et hercynienne. Enfin sur son flanc occidental l’air remonte du sud et c’est ce flux qui amène chez nous les températures clémentes pour la saison que nous connaissons ! C’est ce flux de sud qui nous confirme, le village des irréductibles gaulois de la douceur océanique ou méditerranéenne
Quand on analyse en effet l’ensemble de l’hémisphère nord, on constate que partout le froid a brutalement progressé et il recouvre de grandes parties de l’Amérique du nord et l’Eurasie.
Je vous ai déjà présenté les prémices en octobre. En Asie aujourd’hui, Le manteau nival et les fortes gelées descendent jusqu’à la mer Jaune autant en Chine qu’en Corée .
A la mi-novembre, une autre offensive d’importance du froid s’est effectué sur l’Alaska. Une dépression très creusée est descendu du détroit de Bering en direction des Côtes de la Colombie Brittanique. Elle a provoqué l’arrivée de températures très basses. Par exemple, il a été enregistré -43° à Nicolai Airport, -42° Fort Yukon et -41° à Fairbanks, record du minimum absolu ! L’hiver s’est largement implanté sur les continents de l’hémisphère nord. S’il l’a fait chez nous très partiellement, c’est aussi la conséquence de son extension ailleurs
A la surface de la planète il y a toujours une région où l’air descend des hautes latitudes pour apporter le froid aux zones méridionales, ce processus est en cours en Amérique du nord et en Asie. Mais, Il y a toujours à quelques milliers des kilomètres de distances d’autres régions où l’air remonte des basses latitudes pour apporter des températures élevées pour la saison comme chez nous en ce moment !
Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes de radio espérance, bonne semaine…