Chronique n°817
La semaine dernière, je vous entretenais de ces descentes froides qui au travers de l’Europe centrale, ont atteint puis traversé la Méditerranée en direction de l’Egypte, de la Libye et de l’ensemble du Moyen Orient.
Cette semaine vient de connaître l’une des plus virulente de la saison au point qu’une alerte a été émise par nos voisins allemands. La neige a même atteint les côtes de la mer Egée en Attique près d’Athènes et aussi de la Crête. La Turquie est aussi recouverte jusqu’au niveau de la baie d’Antalya avec 20 cm à Ankara.
Plus au sud les précipitations importantes ont pris une forme pluvieuse qui a déposé des totaux importants sur l’ensemble du croissant fertile comme on nomme la région à l’époque d’Abraham. La zone arrosée a atteint au sud le delta du Nil, la Palestine avec débordement en Jordanie, le Liban avec de la neige sur les crêtes des deux chaînes parallèles du pays, la plus grande partie de la Syrie et enfin l’Irak jusqu’au golfe Persique et aux chaînes du Zagros en Iran.
L’ensemble de la Méditerranée orientale connaît une forte anomalie thermique négative, avec des gelées qui ont atteint une partie de ses rivages du nord.
Ce n’est pas la première fois cet hiver, ni dans le passé, que des descentes d’air froid arctiques choisissent cette trajectoire. J’avais même présenté l’un d’entre elle dans mon livre « Le ciel tomberait-il sur nos têtes » à propos de la seconde guerre d’Irak. Ce type de temps se termine dans le désert par une tempête de sable!
Le type de temps est classique, l’air froid a d’abord provoqué des surfaces englacées anormalement développées cette année sur la mer Baltique. Les golfes de Botnie et de Finlande sont totalement pris depuis le mois de décembre. Des extensions longent les côtes des Pays baltes, de la Pologne et de l’Allemagne jusqu’aux détroits du Danemark. La langue froide a aussi traversé de façon méridienne l’Europe centrale et balkanique.
Arrivée sur la mer Noire, elle s’est chargée une première fois en humidité sans vraiment se réchauffer en raison de ses eaux assez froides, moins de 7° en surface, en profondeur le détroit du Bosphore empêche les eaux douces de la mer Egée de pénétrer. Ceci a donné de la neige sur la Turquie et la Grèce. Arrivée sur la Méditerranée orientale, la seconde recharge en humidité a été bien plus forte en raison de la présence des eaux profondes bien plus chaudes, supérieures à 15° en surface sur l’ensemble et même de 20° près des côtes de Syrie, Liban Palestine. Il se forme une dépression centrée de façon classique sur le golfe d’Iskenderun. Ensuite les précipitations vont se déposer sur les zones citées et se transforment en vent de sable sur le désert quand l’humidité a été épuisée.
Et pendant ce temps là, en France, nous connaissions le beau temps du début de cette semaine. Sur l’est de la France, en particulier les reliefs, les gelées matinales ont été quotidiennes avec 3 jours de givre consécutifs à Saint Etienne, mais ensuite les températures maximales de l’après midi ont été quasiment printanières et ont augmenté chaque jour un peu.
On a même pu constater une anomalie notoire. La Corse et la Côte d’Azur ont été parmi les régions de France qui ont connu les températures maximales les plus basses.
Par exemple le mardi 8 mars, le thermomètre ne dépasse pas 8,5° à Bastia et 11,3° à Cannes quand il fait 16,3° à Vichy et 17° à Guéret
Le lendemain 9 mars, le maximum reste à 11,4° à Nice et 11,5° à Bastia quand il dépasse 15° à Lyon et 16° à Clermont Ferrand
Le jeudi 10 mars l’écart reste flagrant entre les 12,8° à Cannes et 12,9° à Bastia et les 16,9° de Clermont Ferrand et les 17,5° de Lyon !
Sur notre terre, on trouve toujours côte à côte un secteur où l’air descend et un autre où il remonte en latitude. Sur notre pays s’installe un anticyclone et l’air qui est descendu sur l’Europe centrale remonte chez nous. Il s’agit donc d’un air froid à l’origine, celui qui a envahi le bassin méditerranéen oriental a atteint au début l’Italie, la Corse, la Sicile et la Sardaigne et la Tunisie en début de semaine. Cette origine froide s’est retrouvée avec les gelées matinales que nous avons subi accompagnées de givre, mais l’ensoleillement généreux, combiné à une durée des jours en augmentation ont peu à peu contribué à faire monter le maximum de l’après-midi sur les régions continentales qui se réchauffent vite. Voilà les raisons qui ont conduit à cette anomalie avec l’Ile dite de beauté et la côte d’Azur parmi les régions les plus froides de France pendant ce début de semaine. En plus, immédiatement au nord du Massif central, l’air descend des reliefs ce qui facilite aussi le réchauffement du Limousin, des Limagnes et des dépressions de la Loire.
Ce n’est pas la première fois où je vous signale que deux régions proches connaissent des anomalies thermiques opposées parfois très importantes. Ces mécanismes sont nommés des oscillations.
Le plus souvent ces anomalies contraires affectent des zones de même latitude, où comme cette semaine, l’une connaît un air qui descend des zones arctiques, par nature froides, et l’autre où il remonte des basses latitudes où règnent des influences chaudes
Les exemples récents ne manquent pas.
Au début décembre, l’Europe du nord frissonnait sous des températures très basses de la France à l’Ukraine et du Royaume uni à la Scandinavie. Le Labrador, l’est du Canada et le sud du Groenland connaissaient des anomalies chaudes très importantes. Cette année, une grande partie de la mer Baltique, le golfe de Botnie puis celui de Finlande ont été englacés avant l’est de la baie d’Hudson des trappeurs du Canada. Un comble !
Pour l’ensemble de l’année 2010, une grande partie de l’Europe du nord et de l’ouest a connu des moyennes inférieures aux normales, au contraire l’est du Canada et le nord-est des Etats-Unis ont connu l’une des années les plus chaudes depuis plus de 1 siècle.
Ces mêmes anomalies de températures peuvent aussi concerner des zones sur des méridiens identiques mais distantes par la latitude.
Je viens de vous signaler l’anomalie chaude de 2010 sur le nord-est des Etats-Unis et l’est du Canada. Selon le National climatic data center et Noaa, certains états, le new Hampshire et le Rhodes Island ont même connu leur année la plus chaude depuis 116 ans. Toujours en 2010, plus au sud, la Floride, pourtant célèbre pour son climat idyllique quand il n’y a pas de cyclone, a subi l’une des années les plus froides de son histoire, la 7ème sur 116 ans. Il en a été ainsi de la plus grande partie des états dits du vieux sud situés entre le Mississippi, le golfe du Mexique et la chaîne des Appalaches.
A la surface de la planète, il y a toujours un secteur qui connaît une anomalie chaude de température, quand un autre, proche, est plus froide que la normale. Ces oscillations sont classiques, elles n’ont pas toujours le caractère surprenant de cette semaine, ni des autres exemples de 2010, mais elles sont un phénomène récurent de la climatologie. C’est pour cette raison que le calcul d’une moyenne pour l’ensemble de la planète rend dubitatif sur la valeur du résultat
Ceux qui ne veulent plus classer leurs élèves dans leurs universités en sont maintenant à déterminer le rang de température des années sur plus de 130 ans au centième de degré près, pour la planète entière après des calculs très sophistiquées, moyennes, de moyennes ! A la fin les écarts sont si faibles que l’on peut s’interroger sur la pertinence de ces spéculations mathématiques !
Gérard Staron vous donne rendez vous samedi prochain sur les ondes de radio espérance, ce texte étant repris sur mon blog : gesta.over-blog.com
Bonne semaine …..