Le vent et les inondations dans le Nord !
Nos concitoyens du haut bassin de la Loire, jouissent d’un temps presque idyllique, quand la France du nord subit tempêtes quotidiennes et en Boulonnais de petites inondations. Il en est ainsi depuis le début du mois de novembre et ceci risque de continuer jusqu’à ce que les anticyclones qui bloquent l’avancée de l’air polaire perturbé aient enfin cédé, ce qui ne devrait ne plus trop tarder.
Cette chronique n’est que la suite de celle de la semaine dernière qui vous présentait la répétition des petites tempêtes successives en Manche depuis le début du mois .
La semaine dernière je vous annonçais que 6 jours le vent avait dépassé 100 km/h à Ouessant, , le jeudi 26, il s’agit de 9. Plus de 11 jours, il avait dépassé 90 km/h, c’est monté à 18 jours et pour ceux à plus de 80 km/h, il s’agit de 22 jours. Ces nombres sont provisoires car au moment où j’écris ces lignes d’autres coups de vents approchent !
Par rapport à mes explications de la semaine dernière, les conditions ont peu changé.
Les tempêtes se succèdent à un rythme quotidien, le vent a dépassé 100 km/h tous les jours au moins sur un point du littoral de la Manche. Les pointes se dégagent mal dans une période continue de vent fort qui donne plutôt l’impression d’un rouleau compresseur que de coups de boutoirs. Les rafales supérieures à 100 km/h se sont étalées en Manche en deux épisodes séparés seulement de quelques heures. Le 1er dure 48 heures à partir du 21 à 23 heures. Le second commence en fin de journée du 24. Cette persistance du vent violent, qui n’est d’ailleurs pas terminée, montre que la pression de la dépression polaire s’accroît de jours en jours, mais ne fait pas encore céder les anticyclones du sud.
Les vitesses maximales des tempêtes sont importantes, gênantes, mais incapables de provoquer de gros dégâts. Les rafales maximales se situent régulièrement entre 115 et 120 km/h, 119 km/h au cap Gris Nez le 22 à 18 heures, 115 km/h pendant de nombreuses heures à Ouessant comme à la Pointe du Raz.
Les tempêtes sont restées globalement confinées aux littoraux de la Manche de la pointe de la Bretagne au Pas de Calais. Comme depuis le début du mois, elles ont peu pénétré à l’intérieur du pays.Toutefois elles ont tenté à deux reprises de la faire :
La première a eu lieu à la mi-journée du dimanche 22. Les rafales les plus importantes se sont étendues au littoral atlantique jusqu’au cap Ferret à l’entrée du bassin d’Arcachon. La tempête a même tenté une pénétration au niveau du seuil du Poitou, selon un axe Niort, Poitiers. La tentative a duré deux heures mais n’est pas allé plus loin que la capitale régionale poitevine.
La seconde a concerné le Boulonnais qui a subi les rafales les plus violentes entre les après-midi du 22 et du 23. Ces dernières ont perdu rapidement de leur virulence en pénétrant à l’intérieur des terres et Lille n’a jamais atteint les 100 km/h.
Le Boulonnais a aussi subi le second aspect de cette situation météorologique agitée, avec des inondations importantes. Elles n’ont pas atteint le caractère exceptionnel de celles qui ont affecté le nord-ouest de l’Angleterre. Les rivières descendant du district des lacs, en particulier la Cocker, ont répandu la désolation à Cockermouth et Workington en emportant tous les ponts. Ces deux régions, Boulonnais comme le nord de l’Angleterre, ont connu la même situation face à l’arrivée des masses pluvieuses. Dans les deux cas elles présentent un littoral d’orientation méridienne qui reçoit de plein fouet les pluies déversées par les perturbations en provenance de l’ouest.
Immédiatement en arrière de la côte, des reliefs accentuent les précipitations de façon orographique. Il s’agit en France des collines du Boulonnais qui culminent à 211 mètres et dans le district des lacs, des monts du Cumberland qui atteignent 979 m au Scafell Pike. Les abats pluvieux des collines du Boulonnais, environ 60 mm en 48 heures, sont théoriquement loin des 314mm annoncés en 24 heures à Cockermouth. Cela fait beaucoup pour la région, ne s’agirait il pas plutôt du cumul obtenu sur plusieurs jours ?
Cette orientation de la côte perpendiculaire à l’arrivée des masses pluvieuses, la persistance de la même situation atmosphérique sur une longue période, provoquent des pluies tous les jours depuis le début du mois qui s’accumulent les unes aux autres. Par exemple Au Touquet, il a plu presque tous les jours depuis la Toussaint. Il est d’abord tombé 84 mm du 1er au 8 Novembre. Après deux jours de répit, il s’ajoute 36,6 mm du 11 au 18. Après 48 nouvelles heures d’accalmie, il arrive encore 60,6 mm du 21 au 26 dont un maximum de 20,2 mm le fameux jour de la crue. En dernière minute il tombe 23,8 mm jeudi. Le total se monte à 205,8 mm depuis le début du mois sur le flanc occidental des collines du Boulonnais. Les premières pluies saturent le sol et provoquent peu de réaction des rivières, mais progressivement ces dernières enflent de plus en plus pour des totaux parfois inférieurs aux précédents. Ainsi 21 mm le 1er novembre, ont moins d’impact que 20 mm le 23 et autant le 26, mais entre temps plus de 150 mm sont tombés.
Descendant des hauteurs, des rivières, la Liane ou la Hem dans le Boulonnais, et la Cocker river au nord ouest du Royaume Uni, drainent l’ensemble de ces secteurs et sont particulièrement sensibles à cette accumulation de précipitations sur le versant exposé à ces pluies.
L’analyse de la crue des rivières du Boulonnais du 23 novembre est très intéressante. La Liane qui descend sur le versant occidental bien exposé aux pluies est montée de plus de 3 mètres à Virvignes avec un niveau qui dépasse celui des dernières crues. La Hem située un peu en arrière sur le versant nord n’a gonflé que d’un mètre environ, pour une cote qui n’atteint pas la hauteur des crues des années précédentes. L’Aa, est monté dans des conditions comparables sur le versant interne des collines du Boulonnais. La crue assez forte sur le cours amont, avec une cote de 2,20 m à Lumbres situé au cœur des collines, perd vite de l’importance en direction de l’aval. Enfin la Lys, au bassin interne qui draine les eaux en direction de la Flandre intérieure, et de la Belgique a connu une crue faible et une montée très lente.
Les nouvelles pluies du jeudi 26, ont provoqué une nouvelle crue plus importante que la précédente dans la nuit de jeudi à vendredi. Avec un total de précipitations de même nature, 41 mm à Gravelines, 23 mm au Touquet, les rivières sont montés encore plus haut. La Liane avec une cote de 3,89 m jeudi à 23h 30 a dépassé de 20 cm le niveau maximum de la crue précédente. L’Hem a surpassé sa cote du 23 novembre de plus de 50 cm et sa crue se poursuit encore en aval vendredi matin. Les pluies ayant peu pénétré à l’intérieur de la Flandre, l’Aa a moins réagi (30 cm en moins), la Lys n’est pas montée.
Ce n’est peut être pas fini en pays Chti, entre Bergues et Berck plage. La persistance de la même situation atmosphérique, fait encore revenir des perturbations et des pluies d’ouest contre cette côte méridienne. Plus ces dernières se succèdent, plus les rivières réagissent et montent haut. Tant que la situation atmosphérique restera agitée entre l’air polaire perturbé qui pousse des coups de boutoirs à partir du nord et les anticyclones méditerranéens qui résistent bec et ongle au sud, tempêtes et crues océaniques continueront.
Décidément en pays « Chti » , tout se joue entre le sud et ce « ch ».nord. « Bon vent » aux services de la DREAL et du Shapi chargés de ces cours d’eaux évocateurs : La Liane, L’Hem, la Lys, l’Aa ! Une phonétique particulière !
Gérard Staron vous retrouvera samedi prochain sur les ondes ou le site de Radio espérance 13 h 15, mais aujourd’hui et demain vous pouvez me rencontrer avec Jean Paul Bourgier à la fête du livre de Lorette.
Bonne semaine à tous