Marcel est à l’origine de cette photo à la veille de Noël 2008 qui montre le brouillard se déverser comme un fleuve par dessus le collet de Doizieux, situé vers 950 mètres dans le Massif du Pilat entre des hauteurs dans le soleil qui dépassent largement 1000 mètres.
Un anticyclone centré sur le Pays de Galles envoie sur la France un courant de nord accompagné d’une masse de grisaille en provenance de la mer du même nom dans les basses couches de l’atmosphère. Le passage du sommet de ces stratus à l’atmosphère lumineuse située au dessus s’effectue vers 1000 mètres, ce qui correspond à l’altitude de l’inversion de température mentionnée par les radio-sondages.
Cette mer de nuages qui descend du nord trouve peu d’obstacle montagneux à sa mesure sur la France jusqu’au moment où elle arrive sur l’est du Massif central, barrière de relief dont les sommets dépassent son niveau et la retiennent au nord. Le Pilat constitue la partie la plus septentrionale de cet obstacle, celle aussi où les altitudes s’abaissent jusqu’au défilé de Vienne en direction du Rhône. Souvent le brouillard continue sur la partie la plus proche de cette vallée.
L’image de satellite transmise par Claude le même jour atteste de cet appendice de brouillards qui descend jusqu’au défile de Tournon. Par ailleurs elle permet de constater que la masse de grisaille est concentrée sur l’ensemble des plaines de la Saône qui viennent buter sur l’obstacle du Pilat, même si on remarque une extension marginale à toutes les zones basses du nord de l’Europe, Bassins parisiens et aquitains, plaines de la Loire, Plaine centrale suisse etc. Plus au sud elle touche aussi les bassins du Pô et de l’Ebre. Toutes les montagnes émergent, Vosges Jura, Alpes Pyrénées , même le plateau de langres. Le Collet de Doizieux se situe au cœur du contact climatique.
L’image de satellite en fin de matinée et la photo peu avant le coucher d’un soleil rasant montrent des altitudes différentes de la masse de stratus. Vers 11 heures, les reliefs qui émergent sont souvent nettement en dessous de 1000 mètres, c’est confirmé par le sommet de la mer de nuages donné par les stations des Alpes suisses. En fin de journée, le flux de nord renforce la masse nuageuse et la fait se déverser par-dessus le Collet de Doizieux.
J’ai parfois écrit « Le Pilat un paradis pour climatologue », une barrière climatique de première importance en France, mais une limite imparfaite qui permet les communications de l’air et ici au brouillard de se déverser du nord vers le sud à l’extrémité septentrionale des plus hautes altitudes du massif du Pilat.
Gérard Staron
Merci à mes deux acolytes climatiques