Après les polémiques...
La crue du jour des morts 2008 n’est qu’un épisode cévenol « décalé » au niveau géographique, décalé du versant ardéchois des Cévennes en direction de celui de l’intérieur des hauteurs de l’est du Massif central, décalé vers le nord de ces reliefs du massif du Tanargue jusqu’aux monts du Lyonnais et du Beaujolais. C’est à cause de ce décalage que La Loire, fleuve et départements, en est la principale victime, alors que les rivières cévenoles qui rejoignent le Rhône ont réagi faiblement. C’est peut être parce que la Météo n’est pas assez « décalée » que l’épisode n’a pas été annoncé sur les bonnes régions !
Une crue n’est pas seulement de la Météorologie. L’importance des pluies ne fait pas tout. Si des épisodes anciens ont effectivement déposé 6OO mm, comme ceux de septembre 1980 ou septembre 1992, ou celui de septembre 2002 sur les Gardons et d’autres, celui-ci atteint péniblement 400 mm sur les zones les plus arrosées entre les massif du Tanargue et du Mézenc soit près des sources de la Loire et de l’Allier. Sur notre département, les pluies flirtent au maximum avec la centaine de millimètres, Saint Bonnet le Château le point le plus arrosé recevant 105.6mm, ce qui est bien inférieur aux totaux enregistrés lors des crues de décembre 2003 ( plus de 150 mm en 48 heures ) et de septembre 1980 et même novembre 1996 qui conserve son record de pluviométrie en 24 heures à Bouthéon.
D’autres facteurs interviennent:
- D’abord la saturation des sols après une saison chaude très arrosée et surtout un mois d’octobre particulièrement pluvieux. A mon poste de Saint Etienne, les 98 mm du 1er novembre sont précédés de 42,7 mm pendant la dernière semaine d’octobre et de 156 mm pour l’ensemble du mois, le total mensuel le plus élevé depuis avril 2005. Le coefficient d’écoulement et le ruissellement vers les rivières a été augmenté d’autant. C’est ainsi qu’avec un peu plus de 3000 m3s ont obtient la seconde crue en importance de ces 100 dernières années après 1980 (3500 m3s) puisqu’il faut remonter à octobre 1907 pour retrouver un autre événement hydrologique de cette importance.
- Ensuite le déplacement très rapide vers l’aval de la crue a pu surprendre les populations et provoquer des difficultés pour les prévenir. Le maximum a mis 14 heures pour rallier la région du Puy à Feurs contre plus de 16 heures en septembre 1980 et 20 heures en décembre 2003.
- Enfin annoncer que « aucun barrage ne peut écrêter une crue comme celle là » c’est simplement oublier que le barrage de Villerest l’a fait pour la seconde fois après 2003 ce qui a protégé Roanne et les régions en aval. La crue est entrée à environ 3000 m3s pour en sortir entre 1700 et 1800 m3s. Pourquoi le taire et concentrer les critiques contre Grangent qui n’est pas conçu pour un tel rôle ? Le seul problème : la situation de Villerest en aval du Forez ne permet pas de le protéger ainsi que le Velay et pourrait faire regretter de ne pas avoir construit Serre Lafare qui aurait dû avoir le même rôle en amont.
Gérard Staron http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron
Pour en savoir plus:
-« La crue de septembre 1980 » 1981 Revue de Géographie de Lyon http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113x_1981_num_56_1_6154
-« Chronologie des catastrophes pluvieuses » 1993 Revue de Géographie de Lyon
-« Le ciel tomberait-il sur nos têtes » 2003 Editons ALEAS 15 quai Lassagne 69001 Lyon