Chronique climatologique N°142, enregistrée le 14/08/ 1997 Pour le 22/08/1997 Avec Gérard et Marie-Gabrielle.
Nous avons, à de très nombreuses occasions, parlés des orages et de phénomènes qui leur sont associés comme la Foudre ou la grêle, mais avons-nous abordé tous les météores annexes qui les accompagnent ?
Les trombes et les tornades sont parmi ces phénomènes qui accompagnent les orages et dont j’attendais une occasion pour vous entretenir. Les deux termes regroupent une réalité assez semblable. Il s’agit d’un tourbillon de vent ascendant qui relie le sol à un cumulonimbus. On trouve à la base un buisson en forme de cône, constitué de gouttelettes aspirées quand on est sur la mer, ou de poussières et débris divers soulevés du sol sur le continent. Au dessus, on trouve jusqu'au cumulonimbus une colonne nuageuse ou tuba. Dans les deux cas, il s’agit de phénomènes violents dont la surface géographique concernée est réduite et dont la durée de vie se limite à quelques minutes.
Mais à quoi météorologiquement correspondent ces phénomènes ?
Il s’agit d’une colonne d’air chaud qui est violemment aspiré du sol jusqu’au nuage selon un mouvement tourbillonnant et qui entraîne avec lui ce qui traîne à la surface de la terre à cet endroit. L’air chaud est par nature instable et peu dense. En été, il s’accumule au sol et dans certaines circonstances, en particulier les plaines continentales où pendant la saison chaude. Dans le cas des trombes et tornades, il est violement propulsé en altitude. Il est rare que des mesures météorologiques puissent être prises sous une trombe ou tornade mais chaque fois que l’on a pu le faire on a constaté une baisse très brutale de la pression atmosphérique liée à une augmentation spectaculaire de la vitesse du vent. Cette observation est particulièrement difficile en raison du caractère très ponctuel du phénomène qui ne dépasse pas quelques centaines de mètres. Une trombe ou une tornade est en définitive un véritable aspirateur atmosphérique qui ne fonctionne quasiment qu’en été, de juin à septembre, au cours de l’après-midi quand le réchauffement solaire est maximal et permet d’observer cette couche chaude.
Jusqu'à présent, on a évoqué ensemble les termes de trombe et de tornade, ces deux mots désignent-ils des phénomènes semblables ou différents ?
Des phénomènes très proches certainement. Il existe des interprétations différentes selon les auteurs mais il semble que tous considèrent que la tornade est un phénomène de plus grande ampleur que la trombe. D’abord au niveau de la surface géographique concernée, le diamètre de la trombe dont le nom vient du mot trompe, comme celle de l’éléphant, varie de 10 à 100m alors que celui de la tornade peut atteindre jusqu’au kilomètre.
La vitesse des vents est aussi beaucoup plus forte dans la tornade. Ces dernières ont été classées selon l’échelle Fujita en fonction de la vitesse des vents ;
-celles d’échelle F0, vitesse entre 60 et 110km/h font peu de dégâts.
-celles de F1 avec des vents de110 à 170km/h affectent déjà les toitures et les véhicules.
-celles de rang F3, des vents de 240 à 320km/h peuvent déjà envoyer en altitude des objets de plusieurs kilos.
- au maximum, celles de F5 avec vents de 410 à500km/h peuvent vous soulever ou déplacer des bâtiments avec leurs fondations, des trains, des camions. Les débris sont projetés avec une violence inouïe, la brique venant s’encastrer dans des pièces de métal.
Enfin, autre différence entre trombe et tornade, les trombes affectent les continents et les surfaces marines même si elles sont limitées aux mers chaudes intertropicales ou la Méditerranée, au contraire les tornades n’existent que sur les continents.
Ceci nous amène à aborder la répartition géographique de ces phénomènes, on trouve souvent de belles photographies montrant de très belles trombes dans les grandes plaines d’Amérique du nord, mais de tels phénomènes peuvent-ils se rencontrer en France ?
Ce sont surtout les régions continentales qui sont les plus vulnérables à ce genre de violence météorologique car ce sont elles qui en été accumulent le plus d’air chaud au sol peu dense et donc capable de s’élever brutalement. Les grandes plaines de l’Amérique du nord sont particulièrement touchées. Les États-Unis connaissent 800 tornades par an dont une vingtaine atteint les niveaux 4 ou 5 de l’échelle de Fujita. Les grandes plaines de l’ex-U.R.S.S. sont aussi fortement touchées mais ne possèdent pas les infrastructures de recherche sophistiquées des États-Unis. En 1985, une forte tornade en juin n’avait été connue que trois semaines après par le monde occidental !
En France, les tornades sont bien moins nombreuses, selon Jean Dessens, environ 180 par an. Plus de 80% d’entre elles sont de niveau 0 sur l’échelle de Fujita et peuvent passer inaperçues en raison des faibles dégâts provoqués sur les zones habitées. Par contre, les régions les plus sensibles sont là encore les régions les plus continentales du pays avec une diagonale du Massif central à l’est du pays. Certaines ont pu laisser des trainées de désolation sur à peine quelques centaines de mètres sur les plateaux aux confins du Livradois dans le département de la Haute-Loire ou dans les Vosges.
Il est bien évident que la faible continentalité de la France contribue fortement à limiter la fréquence et la violence de tels phénomènes, ce qui ne veut pas dire que nous soyons totalement à l’abri du risque.
Au plaisir de vous retrouver, chers auditeurs de radio Espérance, vendredi prochain, pour une nouvelle chronique de climatologie.
Commentaire actuel :
La tornade de Haumont remet à l’actualité ce type de calamités….
Après cette chronique deux autres ont été consacrées sur Radio Espérance par mes soins à des tornades moins dévastatrices à Chalmazel dans la Loire et à Ambérieu dans l’Ain ….
Gérard Staron http://pagesperso-orange.fr/climatologie.staron