Juillet 2008 semble confirmer la tendance au rafraîchissement des températures constaté depuis les saints de glace de la mi-mai 2007.
Si je crois mes observations de Montregard comme de Saint Etienne dont vous trouverez les valeurs sur ce blog , les températures de juillet 2008 sont presque aussi fraîches que celles de 2007 pourtant considéré comme pourri et déjà en dessous des normales dans la région centre-est.
Sur les 7 premiers mois la moyenne provisoire continue à laisser apparaître un déficit thermique de 0,9° par rapport à l’an dernier à Montregard comme à Saint-Etienne.
Les trois descentes perturbées de nord-ouest des 3 week-ends centraux du mois se sont terminées par des températures très basses le lundi qui a suivi. A ce petit jeux les fêtes nationales françaises et belges avec respectivement 10,7° et 10,8° à Montregard, ont fournit les moyennes quotidiennes les plus basses du mois. Il a fallu attendre les derniers jours pour connaître de véritables conditions thermiques estivales avec 22,1° toujours à Montregard le 31 juillet. La dernière descente perturbée du week-end du 28 a peu atteint la région et n’a pas eu d’impact majeur sur les températures contrairement aux précédentes.
Les observations de Saint Etienne confirment avec une moyenne de juillet à peine supérieure à celle de 2007, le pourri, 19,6° contre 19,2° et effondrée par rapport à 2006 (24,3°). Les deux fêtes nationales ont été les plus fraîches avec14,6° et 15° et le dernier jour du mois le plus chaud.
La région centre-est n’a pourtant pas été la plus fraîche en France. Il faut tourner son regard vers les zones proches de la Manche, par où sont entrées les descentes froides de nord-ouest, pour lorgner des secteurs thermiquement bas pendant ce mois de juillet.
Un autre critère permet de constater cette tendance à la fraîcheur persistante de 2008. Je dispose depuis 22 ans des mesures des hauteurs de neige quotidiennes sur les Préalpes de Santis en Suisse à 2500 mètres environ. J’ai donc recherché pendant cette série la date de la disparition annuelle du manteau nival pendant l’été.
Cette année, le 28 juillet, il restait encore 50 cm et le premier jour d’août, le dernier résidu a disparu. Les descentes froides des fêtes nationales françaises et belge ont même déposé à ce niveau un petite couche de neige fraîche, respectivement 12 et 3 cm, accompagnées de gelées qui ont permis à un manteau qui avait fortement dégraissé à fin juin de traverser juillet en totalité. Sur les 6 mètres de la fin avril, il restait seulement 2 mètres début juillet.
Savez vous que 3 années sur 4 environ, le manteau a disparu au poste d’observation de Santis avant la fin du mois de juillet. La date la plus précoce de disparition est le 26 juin 2003, l’année de la canicule. Une année sur 2, le manteau blanc atteint le 23 juillet à ce niveau d’altitude sur les Préalpes suisse.
Depuis 1987, 6 fois seulement le manteau blanc a débordé sur août. La dernière fois en 2004, le 8 du mois était le premier jour découvert. A l’exception de 1987 qui constitue le record avec le 29 août et l’année la plus ancienne de mes archives, aucune autre année récente ne dépasse la fête de l’Assomption atteinte en 2000. N’oublions pas que l’enneigement à haute altitude constitue la matière première de glaciers, avec une telle persistance nivale à 2500 mètres dans les Alpes en 2008, il serait bien étonnant que l’on constate un grand recul cette année des glaciers alpins !
Si ces descentes polaires sont arrivées jusqu’à nous pour rafraîchir notre mois de juillet, en particulier ces deux dernières décades. Il convient d’examiner ce qui se passe dans l’Océan arctique pour l’extension de la banquise.
Des annonces ont été effectuées au sujet du Pôle nord. Selon leurs auteurs, pour la première fois, il aurait pu être déglacé cette année pendant l’été en raison de la faible épaisseur de la glace dans son secteur. Naturellement la situation actuelle est provisoire, puisque ce n’est qu’en septembre, que les glaces connaissent leur extension minimale dans l’Océan arctique. Toutefois, les images de satellite permettent d’annoncer qu’actuellement le pôle nord est encore entouré d’un très large espace englacé. Outre les inlandsis, la limite de la banquise s’appuie le 31 juillet, sur les côtes du Groenland, puis rejoint le nord du Spitzberg et de l’Ile de François Joseph pour s’appuyer le long de la Sibérie.
De l’autre coté tout, l’espace compris entre le Groenland, l’île Victoria, la terre de Baffin et le grand nord canadien est encore englacé. Actuellement la route maritime qui avait été ouverte l’an dernier le long des côtes septentrionale du Canada est fermée. Vu la zone à fondre, il faudra certainement attendre d’autres conditions pour recouvrer ce passage entre ce dédale d’îles !
Peut-il y avoir un lien entre ces descentes froides subies par nos températures en juillet et la bonne tenue cette année des glaces arctiques. Peut être ! Un fait semblerait attester cette hypothèse. Au fur et à mesure du mois, la puissance des descentes polaire a baissé depuis celle du week-end du 14 juillet. L’impact sur les températures comme pour la violence des orages ou des pluies au moment de l’arrivée en France a faibli lors de la suivante pour la fête nationale belge. Enfin la dernière, celle du week-end du 28, a provoqué quelques précipitations orageuses, mais n’a pas réussi à avoir une influence notoire sur les températures restées chaudes en particulier dans la région centre-est. Un lien entre la diminution des glaces dans le bassin de l’Arctique au cours du mois et l’impact de plus en plus faible de ces descentes froides sur notre temps estival n’est pas invraisemblable.
Par contre la condition nécessaire pour que ces pulsions en provenance des pôles arrivent jusqu’à nous a consisté dans la position de l’anticyclone des Açores qui a assuré la couverture imparfaite du bassin méditerranéen, mais n’a pas pu s’étendre de façon persistance sur l’Europe cet été. Pire, en se retirant sur l’Atlantique, selon un pas de temps de 7 jours environ, qui correspond avec chaque week-end, il a laissé un large couloir, de L’Islande à L’Irlande le plus souvent, par lequel l’air froid perturbé a pu débouler jusqu’à nous avec un scénario qui a peu varié. Le vendredi était consacré aux orages en avant des fronts. Le samedi et le dimanche, les orages laissaient la place à la pluie fraîche. Enfin le lundi dans l’air froid le beau temps commençait à se rétablir avec des températures très basses le matin et le retour du soleil. Les variantes ont été faibles d’un week-end à l’autre. Importance des orages et puissance du froid arrivant en arrière ont constitué les seules variantes. Il ne semble pas qu’en août, l’anticyclone des Açores soit de nature à modifier fortement son positionnement pour s’étendre sur notre pays durablement, hélas peut-être !
On peut cependant constater que les médias et les services de météo officiels ont réussi un tour de force, continuer à parler de réchauffement au long de ce mois de juillet frais. Un ensoleillement assez présent en semaine a certainement réussi à masquer ce que juillet 2007 n’avait pas camouflé. 2008 a évité le qualificatif de pourri de son prédécesseur. Un tour de force à la lecture des premières statistiques !
Gérard Staron vous donne rendez vous tous les samedis de l’été pour une nouvelle chronique originale sur les ondes de Radio Espérance, le texte étant repris sur zoom42 et zoom43.fr et ce .blog