Chronique climatologique N°43 le 28/07/1995 texte d’origine
Nous allons profiter de ces vacances pour traiter de phénomènes marins que vous pouvez observer.
Le vent est toujours plus virulent sur la mer en effet quand il aborde le continent, ce dernier présente une rugosité qui diminue sa vitesse et modifie sa direction. Un cyclone ou une tempête perd le plus souvent de sa vitesse en abordant les côtes. Le vent est lié à l’état de la mer et à la puissance de la houle. C’est ainsi qu’au XVIIème siècle l’amiral de Beaufort a mis au point un système de mesure du vent, l’échelle de Beaufort, qui gradue qualitativement de 0 à 12 la vitesse d’Eole en fonction de la nature de la houle. Quand vous écoutez les bulletins météorologiques pour les plaisanciers, et que vous entendez vents force 4 ou force 6. C’est en fonction de l’échelle de Beaufort que ces estimations sont données. Méfiez-vous quand vous entendrez force 10, c’est la tempête, dans ces cas sous l’effet des forces vagues, des dépressions qui haussent un peu le niveau marin, et parfois des fortes marées, des déferlantes peuvent atteindre largement plus de 10 mètres au dessus du niveau normal de la mer.
Même caractéristique quand vous écoutez la Météo marine, on vous décrit le temps par zones. En effet, les espaces maritimes qui bordent l’Europe occidentale ont été découpés en secteurs, Utshire, nord et sud Irlande, Dogger Humber pour la mer du nord, pour l’atlantique Golfe de Gascogne. En Méditerranée ces zones sont Lion (pour Golfe du Lion), Provence, Cap Corse, Gènes pour le Golfe de Gènes etc.… Certaines sont trompeuses ; Finisterre ne désigne pas notre Finisterre en Bretagne mais la zone en face du cap Finisterre au large de la Galice espagnol et du Portugal, Sole ne désigne pas le continent mais une partie du proche Atlantique. Le vent a toujours eu un rôle important dans la météo marine, d’ailleurs les premières cartes météorologiques des siècles derniers, les pilots charts, le présentaient en fournissant par carrés de 5°de latitude les directions et forces des vents moyens.
Il existe aussi des vents locaux provoqués par le contact mer-terre. Il s’agit des brises de mer et de terre. Les brises de mer ont été étudiées dans la région marseillaise. Dans la journée en été, le continent se réchauffe plus vite que la masse maritime et a tendance à provoquer une petite dépression qui va attirer l’air marin. C’est ainsi que des études effectuées par Météo France prouvent qu’au cours de la journée une brise de mer peut s’établir le matin et remonter progressivement vers le nord au-delà de Salon de Provence dans l’après-midi, avant de disparaitre la nuit. D’autres brises relient montagnes et vallées dans les zones d’altitude.
Le vent et la circulation de l’air atmosphérique peut avoir des conséquences sur l’hydrologie de la mer. Quand le vent et les vagues amènent l’eau vers les côtes, il se forme un circuit complexe qui chemine le long de la côte en formant ce que l’on appelle la dérive littorale, en effet l’eau qui redescend de la déferlante qui précède est repris par celle qui suit et ainsi se forme ce courant le long de la côte. En Méditerranée, il va d’est en ouest et rejette les alluvions du Rhône vers le Languedoc, ce qui explique les immenses plages sableuses des dunes languedociennes, et celles plus caillouteuses de Provence. Pour qu’il y ait équilibre au niveau du fluide maritime, il faut que cette eau qui est rabattue vers la côte, puis dérive le long du littoral,, retourne un moment au large. Ceci se produit par de très courts et violents « courants de retour » (courants de baïnes pour certains) où les vagues sont interrompues et l’eau renvoyée vers le fond et le large. Comme ils sont étroits et rapides, il est vain pour les baigneurs, de lutter de front contre ce courant qui vous éloigne de la côte à intervalles réguliers et la seule planche de salut est d’en sortir latéralement. Ces courants de retour sont très redoutés sur les côtes landaises ou du Golfe de Gascogne, les zones concernées sont des secteurs de baignade interdite, quand ils touchent inhabituellement un secteur à forte fréquentation, ils sont extrêmement dangereux, ils peuvent provoquer des noyades, que l’on attribue souvent à tord à des lames de fond, mêmes pour d’excellents nageurs.
Au contraire quand le vent éloigne l’eau de la côte on a ce que l’on appelle des phénomènes « d’upwelling ». Ceci touche les côtes languedociennes affectées par le mistral et la tramontane. Quand vous avez ces vents violents de nord, avez-vous remarqué que les températures de l’eau dans les stations du cap d’Agde, ou de la Grande Motte sont particulièrement fraiches, alors que dans les secteurs de la côte d’azur, qui, plus à l’est, ne connaissent pas ces vents, elles sont très chaudes. Les écarts peuvent être très forts, je me souviens d’un exemple avec respectivement 17° et 24°. L’explication est très simple. L’été ne réchauffe qu’une pellicule assez faible de la mer au dessus de la thermocline, en dessous les eaux de profondeur sont froides, 4° pour l’océan, beaucoup plus environ 13° en Méditerranée. Quand un courant ou un vent venant du continent comme la tramontane ou le mistral attire l’eau de surface chaude vers le large, elle est remplacée le long de la côte par de l’eau froide venant des profondeurs. C’est le phénomène d’upwelling qui explique parfois les températures froides de la mer sur certaines plages du Languedoc. Par ces types de temps, la baignade est peu recommandée, car les nageurs peuvent aussi être entrainés au large avec l’eau chaude.
J’aurais pu aborder un autre aspect de l’hydrologie marine avec les marées. Il est moins lié au climat et plus aux phénomènes cosmiques. En attendant Vendredi prochain, je vous souhaite de ne rencontrer dans vos baignades d’été, ni upwelling, ni courant de retour, pour que, chers auditeurs, vos vacances soient les plus réussies possibles.
Commentaire actuel :
Cette chronique est particulièrement d’actualité cet été.
la position actuelle de l’anticyclone des Açores sur l’Atlantique génère des temps de nord qui déclenchent le mistral et la tramontane…
Elle facilita aussi la descente de dépressions froides sur l’Angleterre comme au début du Tour de France en Bretagne
Bonnes baignades quand même
Gérard Staron