Les élections du 9 mars 2008 confirment l’impact des conditions climatiques. Le phénomène est autant visible pour les municipales en France que pour les législatives en Espagne. Depuis les débuts de la Cinquième République, toutes les victoires de la gauche se sont produites en France lors de temps perturbés nuageux et pluvieux. Il en est ainsi des victoires présidentielles de F. Mitterrand, des législatives de 1981 et 1997 et aussi des dernières municipales. Ce 9 mars 2008, La France est en effet traversée par une perturbation en liaison avec la célèbre dépression d’Islande. Les pressions sont inférieures à 1015 hpa sur l’ensemble du pays et à 13 heures un front froid s’étire du Benelux au golfe du Lion. L’image du satellite à la même heure montre une France couverte de nuages avec deux zones où leur densité est plus forte, dans le grand ouest et aussi dans l’axe Rhône, Saône Rhin. Il est curieux de constater que les pertes les plus sévères de la droite se sont produites dans les deux secteurs du pays où les précipitations sont les plus fortes. Ce dimanche, il pleut beaucoup à Laval (17 mm) Rouen 17 mm) Rennes etc… Une grande zone de précipitations occupe le grand ouest et s’étend jusqu’au Poitou, à la région Parisienne et au nord du pays. De nombreux observateurs signalent les très fortes pertes de l’UMP dans toutes ces régions. L’autre partie arrosée du pays se situe dans le sud du Massif central (Rodez 6,4 mm) dans la vallée du Rhône et remonte en direction de celle de la Saône. Il est intéressant de constater que les listes UMP résistent mieux dans un espace intermédiaire qui s’étire de l’Aquitaine au nord-est, où les pluies ont été beaucoup plus faibles, moins d’un millimètre au Puy en Velay, à Chaumont, mais aussi à Saint Etienne et des élections au premier tour à Bourges et Châteauroux, Saint Quentin etc.... Il s’agit de villes situées dans des bassins intramontagnards à l’abri, peu sensibles aux influences océaniques, ou dans une bande centrale du pays où la perturbation avait perdu de sa puissance. En effet les pluies sont fortes quand elles abordent les continents, puis elles s’étiolent dans la bande centrale, et se régénèrent près de la Méditerranée. Les conditions climatiques nuageuses pluvieuses s’étendent aussi à L’Espagne, ce même dimanche, où les socialistes emportent de peu les législatives contre le parti populaire ( 43,6% contre 40,1%) L’analyse régionale est encore plus intéressante quand on observe l’image de satellite de 13 heures. Les socialistes du PSOE progressent fortement dans les régions les plus affectées par les précipitations et le ciel couvert, soit le Pays Basque (+11% pour le PSOE) où les masses pluvieuses qui descendent de l’Atlantique butent sur les reliefs de la chaine Cantabrique, et la Catalogne (+ 5 sièges ). La perturbation et les nuages français débordent sur une large bande septentrionale du pays. Les régions au ciel parfaitement dégagé du centre et du sud de la Péninsule Ibérique ont connu une forte progression du Parti populaire avec des gains en siège à Madrid, Valence et Murcie. Lors des dernières élections de 2004, le PSOE avait aussi remporté le scrutin sous les fortes pluies d’une perturbation méditerranéenne. Scrutins après élections, une corrélation se confirme entre le temps du jours de l’élection et les résultats. Depuis 1958, la droite l’a toujours emporté lors des jours de beau temps anticyclonique avec soleil et ciel dégagé. 2007 l’a confirmé lors des deux tours de l’élection présidentielle et seulement lors du premier des législatives. Le second avait corrigé le résultat sous les pluies d’orages. Les victoires de la gauche se sont produites toujours sous un ciel couvert avec un temps perturbé et pluvieux. Elections après scrutins, cette remarque s’étend à des pays européens de plus en plus nombreux. Dans mon ouvrage « le ciel tomberait-il sur nos têtes ? » publié en 2003, l’Allemagne, les Pays bas, confirmaient la même remarque faite d’abord en France. L’Espagne s’est ajouté en 2004 et confirme en 2008. D’autres pays, comme La Suède, l’Autriche, se sont inscrits au club…… Pour en savoir plus……
Gérard Staron « Le ciel tomberait-il sur nos têtes » 2003, 222 pages Plus précisément chapitre 1 : Climat électoral p 13 à 47 Editions ALEAS 15 Quai Lassagne 69001. Lyon