14 février 2008
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Chronique climatologie N°665
(enregistrement le 8/02/2008, passage antenne Radio Espérance le 9/02/2008)
L’actualité climatologique récente permet de relever deux informations peu médiatisées :
Les températures maximales moyennes de janvier 2008 de Clermont Ferrand avec 11° représentent un record à saluer
La petite tempête de sud du dimanche 3 et du lundi 4 février a agité la nuit des stéphanois, abattu quelques arbres. Je crois avoir été le seul à annoncer du vent violent dans mes prévisions sur zoom42.fr. Il est venu un peu plus tôt qu’annoncé. Cet excès d’Eole mérite mieux que de rester dans l’oubli.
Avec 11° de température maximale moyenne mensuelle, Clermont-Ferrand présente les valeurs les plus chaudes de toute la région centre-est de la France de janvier 2008. Pour trouver plus doux, il faut descendre au niveau de Montélimar dans la vallée du Rhône ou dans le Bassin aquitain. Toutes les villes voisines sont en dessous contrairement aux habitudes, Lyon et Limoges avec 9,6°, Saint-Etienne et Saint-Yan 9,7°, Macon 8,8°, Grenoble 8,6°. La plus proche dans tous les sens est Vichy avec 10,9°.
Pour des températures maximales moyennes, il s’agit bien d’un record. Depuis 1943 la valeur la plus proche est de 10,9° en 1948, on trouve aussi 10,7° en 1975 et 1993, 10,6 en 1974 et 10,2° en 1943.
Par contre avec 1,5°, la moyenne des températures minimales est quelconque. Pour ce mois de janvier 2008, Lyon, Limoges et Gueret ont fait plus doux. Dans le passé de Clermont–Ferrand, on trouve de nombreuses années aux valeurs supérieures. Sur la période récente, 2001 avec 2,9°, 1996 avec 2,3°, 2007 avec 2,2°, 1971 avec 2,1° sont parmi les mois de janvier les plus tièdes.
L’anomalie Clermontoise de douceur de janvier 2008 se limite donc aux températures de l’après-midi et à l’efficacité de l’ensoleillement diurne. La ville a été favorisée dans les 3 situations atmosphériques les plus courantes du mois :
Souvent le nord du Massif central a été en bordure de perturbations océaniques d’ouest qui affectaient surtout la partie septentrionale de la France. Dans ce cas la capitale de l’Auvergne se trouve à l’abri derrière la chaîne des Dômes. Comme la perturbation est peu active, les reliefs suffisent à disperser les nuages et la descente de l’air vers les Limagnes augmente les températures. Dans ce cas l’écart le plus fort est visible avec Limoges et Guéret qui reçoivent de face les perturbations. Le 31 janvier, le thermomètre monte à Clermont à 9,3° contre 4,7 à Guéret et 5,7 à Limoges
Lors des situations anticycloniques, les hautes pressions sont centrées sur l’ouest de la France, sur le flanc oriental un courant de nord abaisse les températures. Clermont Ferrand par sa situation plus occidentale ne connaît pas ce rafraîchissement qui est accentué à l’est par la présence d’axes méridiens de reliefs et de couloirs de la Loire au Rhône. Dans cette situation l’écart existe surtout avec les stations de Rhône-Alpes et de Bourgogne. Le 27 janvier, le maximum atteint 9,5° à Clermont contre 3,6° à Saint Etienne dans le flux de nord
Enfin les images de satellite montrent que les brouillards et stratus qui recouvrent très souvent la moitié nord de la France s’arrêtent au niveau des Limagnes. Au contraire ils sont particulièrement tenaces dans les plaines de la Saône.
Quelque soit la situation, la capitale clermontoise était largement favorisée pour l’ensoleillement, ce qui n’était pas le cas pour les températures minimales car le fond des Limagnes n’échappe pas au refroidissement nocturne d’autant plus important par ciel dégagé et calme. Comme je l’ai présenté dans ma thèse « l’hiver dans le Massif central » Le nombre de jours moyen de gel par an peut atteindre entre 90 et 100, valeures nettement supérieures à celles du sillon de la Loire.
L’autre particularité récente est le coup de vent de SSE des 3 et 4 février. A la station de Bouthéon, la petite tempête présente deux paroxysmes, le premier dans l’après midi du dimanche vers 16 heures avec une vitesse moyenne sur 10mm de 67 km/h environ avec des rafales que l’on peut estimer à 100 km/h. La deuxième pointe, dans la nuit de dimanche à lundi, est plus étalée dans le temps avec des pointes à environ 80 km/h.
Cette fois Saint Etienne présente les vitesses de vent les plus fortes par rapport à Clermont Ferrand et Lyon. Pourquoi cette fois la capitale du Forez a-t-elle l’atmosphère la plus agitée ?
Cette petite tempête résulte de l’affrontement entre un système perturbé qui progresse à partir d’une dépression atlantique centrée au niveau des Iles britanniques et l’anticyclone qui a décidé d’avancer à partir de la Méditerranée. La première pointe du dimanche correspond au moment où l’anticyclone progresse jusqu’aux Alpes pour barrer la route à la perturbation. La seconde de la nuit de lundi précède de peu le passage des fonts qui s’empalent dans l’anticyclone avant le déclenchement de la pluie.
La vitesse du vent est exacerbée sur la capitale forézienne.
Sur l’est de la France, les vents de SSE sont canalisés par les axes du Rhône et de la Loire ce qui contribue d’autant à augmenter la vitesse. Le petit massif du Pilat qui sépare ces deux axes est insuffisant pour stopper le flux atmosphérique, mais après le passage des sommets, la redescente de l’air en direction de l’agglomération stéphanoise contribue encore à augmenter la violence du vent. Ces accélérations d’origine géographique affectent moins Lyon à l’écart vers l’est et Clermont dans l’axe des Limagnes en cul de sac
Bizarrement, l’axe qui canalise les vents dans l’est de la France est Rhône-Loire plus que Rhône-Saône. Ceci suit mieux les flux atmosphériques qui sont plus souvent NW que Nord dans le sens descendant ou SSE plus que sud dans le sens remontant de la Méditerranée. C’est d’ailleurs le cas du vent du premier week-end de février.
Les deux particularités climatiques que nous venons de présenter n’ont apparemment rien de commun pourtant… Clermont et Saint-Etienne sont deux villes dans le fond de dépressions orientées et ouvertes vers le nord. Les Limagnes sont plus à l’ouest et se terminent vers le sud par un cul de sac, les dépressions foréziennes sont plus à l’est et plus ventilées en lien avec l’axe du Rhône, ceci explique les particularités que nous venons de décrire.
Je vous retrouverai samedi prochain pour une nouvelle chronique sur les ondes de Radio Espérance , texte repris sur les portails zoom42 et zoom43.fr. Bonne semaine